Changement
d’heure pour l’heure d’hiver. Hormis l’effet agréable de bénéficier d’une heure
de plus dans la journée même du changement, cela porte généralement un coup au
moral, indiquant selon toute logique, l’arrivée de l’hiver. Et malgré des
journées qui peuvent encore être agréables, les couleurs chaudes et éclatantes
dans la nature - flamboyantes lorsqu’un rayon de soleil vient illuminer ses
feuilles jaunes or, rouges grenat ou brun chaud – on reconnait l’arrivée
prochaine de cet instant, celui-là même annonçant la fin de l’été indien pour
les prémices hivernales.
Cette
période d’entre-deux, mi été mi hiver, l’automne donc, nous permet tantôt de
nous enthousiasmer d’une douce arrière saison, tantôt nous alarmer de la fin
irrémédiable des beaux jours.
Dans ce
contexte, qu’entends-je récemment à la radio : les premières publicités
pour les magasins de noël.
Hum. Hum.
Je suis une
férue de Noël. Mais là, c’est trop tôt pour les cloches de Noël qui viennent
tintinnabuler.
Mon triste
constat est le suivant : nous avons raté le coche, commercialement, et « socialement ».
Je m’explique: en ce 31 octobre, alors que tous les anglo-saxons en ce monde vont festoyer
pour Halloween, que la gente féminine en particulier va profiter de l’occasion
pour mettre des tenues encore plus révélatrices que d’ordinaire (très plongeant
en haut, très court en bas), que la cohésion de quartier va s’effectuer alors
qu’enfants et parents circulerons de part en part pour montrer costumes et
récolter friandises, que les étudiants auront le thème de leur soirée - en France
nous aurons occuper notre journée à constater, malheureusement pour la plupart
des régions, qu’il pleut et qu’il fait froid. Quelques décorations par ci, et quelques
stands de ventes de bonbons et citrouilles par là, nous aurons rappelé que oui,
c’est Halloween, sans que l’on ne se sente plus concerné. Et c’est triste.
D’une part,
tout bêtement, pour les commerçants et grandes enseignent. Moi, je ne crois pas
qu’on puisse tirer à l’infini sur les préventes de Noël. A ce rythme là,
bientôt on achète d’un Noël pour le suivant. Non, envers et contre tous leurs
efforts, je crois qu’il y a aussi beaucoup une ambiance et saisonnalité à
certains achats, et que commencer des publicités plus tôt ne nous ferons pas
acheter toujours plus tôt, et certainement pas plus, tout simplement. Certes,
certains anticipent, mais octobre, ce n’est plus de l’anticipation là. Et quand
bien même certains iraient d’ores et déjà acheter leur chocolat de Noël ou
jouets (chez les marques dont je tairai le nom), je ne crois pas que les budget
et quantités alloués à la période soient extensibles.
C’est là que
le commerce à rater le coche. ‘Ils’ tenaient l’occasion rêvée. Quoi de plus
louable que d’acheter pour une occasion différente ? Déco, bonbons,
costumes, tout était prétexte. Le caractère événementiel d’une fête est non
négligeable ! Noël sur trois mois, c’est trop. Alors que tiens, fêtons
Halloween, tiens fêtons Noël, tiens fêtons mardis gras…ça marche, enfin ça
devrait. La saisonnalité aussi, c’est là la clé : plusieurs fêtes, et ce
régulièrement.
Et donc ils
ont raté le coche. Pourquoi raté ? Parce qu’ils ne sont pas allés jusqu’au
bout. Je fais partie de cette génération française, l’unique certainement, qui
a connu Halloween. Durant quelques années autour de mes 10 ans, c’étaient donc
costumes, bonbons, premiers films d’horreur, décos… C’est cette génération qui
a connu l’Étrange Noël de Monsieur Jack aussi. C’était incroyable, tout le quartier s’y
mettait (en approvisionnement de bonbons), quelques rares maisons avaient des
décorations fantastiques.
On en était pas là, certes.
Avec un simple calcul, il suffisait que cette
génération prenne le pli, cette génération même étant aujourd’hui en âge d’avoir
des enfants, et donc de « reproduire » la chose, c’était gagné, le
fête s’installait, la tradition se (re)créait. Mais ils ne sont pas allé jusqu’au
bout. Très soudainement, les Vive le jardin et autres Botanique ont arrêté d’avoir
leur stand d’Halloween. Et du coup cette génération que fait-elle ? Pour ceux
qui sont étudiants par exemple, c’est toujours l’occasion de faire la fête. Pas méga rentable quand même. Et les quelques et timides propositions des commerçants
passent presque inaperçu, voire sont ridicules. La maison Larnicol nous
proposait pourtant des créations et vitrines sublimes.
Je fais
court sur la partie « commerciale » parce que certains rétorqueront
que d’abord Halloween, on s’en moque un peu parce que c’est américain. Déjà, c’est
inexact (pour un topo basique wikipédia c'est ici), et de plus ce n’est pas pour moi une raison valable. Si on s’en
raccroche à l’origine celtique, et par jeux de folklore contemporain, on pourrait
presque dire que c’est un peu breton en plus ! Et puis, certes si ce n’est
pas français, nous perdons de toute façon chaque année un peu plus ces fêtes et
traditions bien françaises qui rythmaient les saisons il y a quelques décennies
encore. Quid de mardi gras et carnaval par exemple ? Alors que pour moi,
ce qui fait que dans une morosité parfois ambiante il y a des moments à chérir,
ce sont bien ces fêtes qui ponctuent les saisons. Ce qui fait que l’individualisme
ne gagne pas tout le terrain sur un sentiment de communauté, ce sont aussi ces
mêmes fêtes. Et puis soyons honnête, les fêtes sont par définition plus
agréable que le quotidien. Alors une raison de plus de manger des bonbons, de
se déguiser, de décorer, une raison de célébrer l’automne plutôt que de pleurer
l’arrivée de l’hiver, d’ajouter une pensée à nos aïeux d’une manière différente
en la veille de Toussaint, je ne vois pas où il y aurait eu le mal. Peut-être aussi faut-il avoir vu la magie de cette époque dans les pays anglo-saxons.
C’est long,
mais il y a tellement à dire. C’est ce qui nous manque, c’est triste mais tout
de même : bonne heure d’hiver et Happy Halloween !