dimanche 28 décembre 2014

La faille du marketing "fait maison" de Queen B

De l'histoire de quand c'est pas elle qui fait le montage


En ce Noël 2014, Solange Knowles/Ferguson publie quelques photos familiales attendrissantes datant de 1990 tandis que Beyoncé s'éclate en Islande.

Ce qui me re-fait simplement penser à toute cette comm' méga maîtrisée émanant de l'éminante Queen B.

Il y a un petit mois sortait "7/11", et son clip vidéo "fait maison". Le "fait maison" chez Beyoncé, c'est un peu comme le désormais "fait maison" dans la restauration. 
Avant, on avait tous une idée bien précise de ce qu'était le "fait maison", c'était assez restrictif et exigeant. Un peu l'idée que c'était comme si grand maman cuisinait une fois revenue du marché. Bien. 
Depuis, le "fait maison" désormais défini par la législation (par souci de "clarté") est "élaboré sur place à partir de produits bruts" et accepte notamment des ingrédients congelés comme "produits bruts". C'est pas l'idée exacte de grand maman dans la cuisine, même si c'est fait en cuisine. 



Que l'on s'entende, le "fait maison" par Beyoncé (l'image en donne l'impression, on voit des/ses intérieurs, blabla) n'est jamais pour autant fait spontanément, en toute simplicité ou sans souci du détail. Tout comme le sont tous ces autres clips, ainsi que ses posts instagram, ses auto-documentaires,.. Beyoncé est une grande chanteuse, une grande "entertaineuse", et aussi sa première RP (et sa première/plus grande fan s'accorderait-on avec ma soeur).

Je pense qu'elle serait donc horrifiée de voir la vidéo de son concert au Stade de France pour le On the Run Tour.

Moi, c'était une autre déception.

Agréablement surprise et enthousiasmée d'abord quand D8 diffuse quelques jours seulement après canal LE concert de Beyoncé & Jay Z (prononcé 'jazz' par mon paternel, c'est mignon et pas si bête), leur dernière date du On The Run Tour donnée le 13 septembre dernier au Stade de France.

Je me remémore avoir lu rapidement et pas dans son intégralité une critique peu glorieuse du concert, et m'apprête à la confronter avec mon appréciation du show.


Show il y a, mais spectacle graphique surtout. Oui les vidéos sont esthétiques bien que surfant subtilement (ou pas) avec vulgarité et violences.

Pour le reste finalement l'essentiel tient dans l'annonce: "Beyoncé + Jay-Z". Hormis un lancement en grande pompe prometteur bien qu'attendu avec un medley des titres en featuring "Bonnie & Clyde", "Upgrade U" et "Crazy in Love", très vite je m'ennuie sur mon canapé.

Le show, c'est surtout le booty shake de Beyoncé (qu'elle fait très bien), sans qu'il n'y ait de grande chorégraphie servie d'une réelle troupe de danseurs. Chansons partielles, alternances systématiques entre nos deux méga-stars, peu de décors, peu de beaucoup de choses en fait. Et ce qui crève les yeux (mais pas les oreilles): peu de chant ou rap malgré peut-être une quarantaine de morceaux. Quand je réalise que Jay-Z donne plus de la voix que Queen B, je me dis que ça craint quand même. 

Je vois de là le tableau de mon père, que j'ai convaincu de regarder le concert, s'exclamant: "j'aime PAS le rap" & "pourquoi elle danse en string celle-là". Bien sûr, je ne résumerai pas le concert à cela, loin de là. C'est simplement qu'ils assuraient pour moi leur minimum syndical. A force de détails finalement il m'en manquait des évidents, ne serait-ce qu'un "orchestre" pour "remplir" la scène. Va savoir pourquoi. N'empêche que le concert reste bien foutu. 

Enfin, sur les trois/quatre derniers morceaux, le show s'enflamme alors que les deux artistes s'offrent leur kiffe perso au Stade de France, Paris étant si cher à leurs yeux.

Tout est bien millimétré, la comm' comprise. Depuis l'engagement féministe inopportun servi entre deux pole dances, jusqu'à la déclaration d'amour enflammée à Paris, après le dévoilement d'une vidéo "faite maison" de moments intimes délicatement choisis de leur 'vraie vie' ("this is real life" en opposition à toute la trame du concert "on the run" lancé par un "this is not real life").

Alors que penserait la pointilleuse Beyoncé si elle visionnait la version diffusée du concert parisien ? Les deux photos ci-après sont tirées de l'exacte même performance de "Drunk in love" enregistrée à Paris. Je vous assure, il s'agit du même morceau, et les photos sont faites maison!




C'est flagrant, elle n'est pas déshabillée de la même façon (alternance du justaucorps à manches + bottines contre justaucorps bretelles et cuissardes). Pire, elle change d'emplacement sur scène tel un elfe de maison. Jay-Z, lui, a bien le bon bonnet.
L'explication est simple, il y a eu deux dates parisiennes, donc apparemment deux tenues, et au montage il a certainement fallu utiliser pour une caméra les plans de l'autre date. 

Ça fait désordre quand on voit comment un vidéo clip "fait maison" par Beyoncé est monté. 




ps, si vous voulez poursuivre:

http://www.staragora.com/news/beyonce-et-jay-z-on-the-run-tour-diffuse-sur-d8-un-succes-sur-twitter/499986

http://obsession.nouvelobs.com/musique/20140913.OBS9111/jay-z-et-beyonce-au-stade-de-france-ce-qu-il-faut-savoir-du-show.html

http://www.idolator.com/7524498/beyonce-jay-z-on-the-run-tour-opening-night-review

Quand Beyoncé a dévoilé son clip vidéo donc, certains (beaucoup) s'enthousiasmaient de la simplicité de la vidéo, de la proximité de la chanteuse devenue réalisatrice ou présentaient simplement en cœur ce clip fait maison, quand d'autres prenaient de la distance, par exemple:



vendredi 12 décembre 2014

Répliques et moments "cultes"

Ca date d'hier. C'était partout sur mon fil d'actualité Facebook. Et du coup, interpellée, j'ai vérifié sur le net et les articles fleurissaient. Parce qu'à la première vidéo, je m'étais dit que c'était marrant ce que ce type faisait, à la quatrième sur le fil, je me suis dit qu'il se passait quelque chose.

"Moins d'un mois"  d'existence pour cette nouvelle application phare du téléchargement. Succès fulgurant dans de nombreux pays européen, oui ça cartonne. Ca? : Dubsmash.  Normal: smash (au sens figuratif du terme) = faire une tabac, gros succès.

Voici pour résumé ma situation d'hier: "vous avez peut-être remarqué des vidéos étranges en parcourant votre fil d’actualité, des amis s’exprimer en playback sur des sons pré enregistrés, avec dubsmash.com incrusté en bas à droite. Ne cherchez plus c’est la nouvelle application (Google Play ou App Store) à la mode, mélange de karaoké, actor studio et de lipdub, elle a déjà été téléchargée entre 1 et 5 millions de fois selon Google (oui l’écart est important)." A lire sur le Journal du Geek (normal).



  pour découvrir dubsmash c'est par ici.

Le principe est simple, l'application permet de se filmer sur bande-son (citation d'un film ou chanson). Moyennant un effort minimum de l'utilisateur de faire du play-back, cela donne son clip perso avec doublage de réplique culte (dub= doubler + smash comme dit juste avant). Reste la question des droits sur les contenus soulevée à chaque article, mais ça c'est autre chose.

Mixant pour certains les tendances (démodées ou pérennes)  de lipdub, selfie/vidéo et de citation, l'appli a tout pour plaire quand d'autres sont consternés, prédisant au passage une rechute du phénomène comme pour Bitstrips (si, si on en avait parlé).

Du coup ça donne des commentaires fort drôles à la lecture des articles: "grosse daube en barre, la quintessence de al crétinerie sociale", "encore une appli pour permettre à l'internaute lambda de saouler l'élite que nous sommes",  "d'un certain point de vue, je suis bien content d'avoir un Windows Phone", "putain que j'en ai marre de leur pseudos-applis de merde qui servent à rien que seuls les kikoos vont utiliser"...
Outre l'ironie constante de ce phénomène de commentaires du web de gens bien pensant,  à l'argumentation fine et au QI surdimensionné qui occupent le bas de page, je me permets de les citer pour faire redescendre la pression: ce genre d'application est du divertissement. Et si les réseaux sociaux servaient à tout un chacun de délivrer un essai révolutionnant un paradigme donné, ça se saurait.

Dubsmash, c'est drôle, ça cartonne, et c'est normal. Démonstration en trois points:

- Parce qu'on recourt tous, quotidiennement, à des répliques cultes. Et que le quart d'heure d'imitation au repas dominical, ou en cours de TP, au lunch, en soirée, ne date pas d'hier.
"Mon précieux" (Gollum du Le Seigneur des Anneaux), "On sait jamais, sur un malentendu ça peut marcher" (Jean-Claude des Bronzés) ou "Je ne crois pas qu'il y ait de bonne ou de mauvaise situation" (Otis d'Astérix et Obélix, mission Cléopâtre) font partie de mon vocabulaire courant.
Mention spéciale même pour l'Astérix d'Alain Chabat qui fait de la mise en abyme de référence dans la référence. (cf. "Quand on l'attaque, l'empire contre attaque").

- Parce qu'on a tous un jour fait ça (devant son miroir, dans la cuisine, en voiture,..) :
Pour les filles,

 Et pour les mecs,



Et vraiment, certains l'ont fait (attention mise en abyme!):



Enfin, vous voyez l'idée. Si vous l'avez fait avec une autre chanson, ça marche aussi.

- Parce que finalement Dubsmash est un petit outil efficace qui permet un meilleur rendu de ce que certains faisaient déjà (voir juste après). Et qu'en plus l'appli vise à "communiquer": c'est un émoticône++ .

On se souvient de lui?




Bref  Dusmash vous permet en version courte de créer votre propre scène de film ou vidéo clip. Et de faire comme les pros qui jouent aux amateurs. Après tout, Carly Rae Jepsen a été mondialement connue par ça:



Sauf que vous ne vous enquiquinez pas de toute la logistique DU lipdub.

CQFD.


Dubsmash c'est fun. Certainement que ça va lasser, peut-être que ça ne durera pas, mais vraiment, ce ne sera pas grave.

jeudi 4 décembre 2014

Sainte Victoire Wood

Vu récemment sur ma page d'actu facebook. Un ami partage cet article du site Konbini traitant de ce "super clip de Marion Cotillard pour 'Snapshot in L.A".

Ce n'est pas tant cette création "publicitaire" artistique qui fait à elle seule un beau sujet, mais un détail dans le synopsis vendu pour la vidéo. 

Chez Gala, Voici, Elle, Vanity Fair, Madame Figaro, mais aussi l'Express, le Parisien, Le Plus du nouvel obs ou encore Allo Ciné, si je ne m'en tiens qu'à ma première page de recherche google, on en a parlé. 

Sur cet échantillon, qui s'est fait prendre au piège comme chez Konbini? Vanity Fair, L'Obs et l'Express sont bon perdants. Les autres, plus sages, ne se sont concentrés que sur l'extraordinaire pouvoir de Marion Cotillard de jouer, chanter, danser, et marcher sur l'eau; et pas sur le détail: de la villa. Madame Figaro sort du lot.

Mais alors cette villa? A l'origine de la méprise, le texte "Enter The Game" synopsis de la vidéo, collé à celle-ci. Le texte ne s'affiche pas en entier sur toutes les vidéos en lien dans les articles, pourtant c'est bien là, en fin de texte, que la désinformation est glissée:


"Mixing classic French chason with something more experimental and modern, the Marion Cotillard and Eliott Bliss written and directed video for Snapshot in LA sees Marion dancing and defying gravity in a sleek modernist villa in Californian countryside, relaxing by the pool and showing off Dior's autumn/winter 14 collection". 

Je ne sais pas qui a écrit ce texte. Certainement un texte de comm issu de la marque pour diffuser l'histoire qu'elle veut raconter. Cela a suffit et marché. 

Une pub de luxe tournée dans une baraque de luxe, ayant pour bande son "Snapshot in L.A" ne pouvait donc être filmée qu'en Californie, mieux à Los Angeles. Ça ne semble pas illogique non plus, pas très éco/nomique/lo mais pas illogique. Ça respire l'îcone hollywoodienne, tout ça. 

Sauf qu'à partir de 3min10 entre en guest star dans l'arrière plan Saint Victoire et non pas Hollywood.
Elle a d'ailleurs la part belle dans le making of à 2min05.


Il suffit maintenant d'aller sur le site de Dior pour tout savoir. Posté 5 jours après le buzz (le 17 nov. contre le 12), voilà les coquins contents de leur coup: 
"Dès le premier plan, Marion Cotillard apparaît comme une icône hollywoodienne évoluant autour de sa piscine. Elle semble se trouver à Los Angeles, mais, comme un clin d’œil plein d’humour, et en contre-pied aux paroles « Just a snapshot in L.A. – Are you gonna come again ? »  elle se trouve en réalité dans une villa d’architecte située sur les hauteurs d’Aix-en-Provence : on aperçoit l’emblématique montagne Sainte-Victoire en arrière-plan."

Ce que Dior ne retrace pas, ce sont les commentaires de ces contacts facebook cherchant dans quel patelin du pays d'Aix ça a été tourné!
Ou combien on répétait l'information sans:
réponse 1- voir la vidéo (c'est pas bien)
réponse 2- vraiment regarder le détail en visionnant la vidéo (c'est dommage)
réponse 3- connaitre Sainte-Victoire ou savoir qu'elle est en pays d'Aix en regardant le détail de la vidéo. Et ça c'est grave.

Dans ce cas voici: